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Créac'h toujours
9 août 2010

Retour à la vie de terrien

Voila déja deux semaines que je suis rentré.
Le retour est difficile. Beaucoup de bonheur de retrouver Zoé qui était là pour m'accueillir. Beaucoup de bonheur de retrouver mon fils Baptiste et mes parents. Beaucoup de difficultés aussi à me recaler avec la vie à terre. Tout va très vite ici et j'ai du mal à relancer la machine. J'ai mis une fois les pieds dans un supermarché et j'en aurai vomi tellement j'y étais mal. Et puis beaucoup de maladresses : je n'ai quasiment appelé personne, je reprends juste un peu le rythme maintenant. Cette semaine sera sûrement celle du téléphone, juste avant la reprise.

En attendant ce jour je vais vous mettre quelques photos et vous raconter un peu l'arrivée. Je passe sur la journée sur le pont à surveiller les alentours pour éviter les collisions avec voiliers de courses, hydroptére (le seul l'unique... (lorsque j'ai eu Zoé au téléphone après avoir croisé ledit bateau/avion/autre je lui ai dit: Oh, j'ai croisé un hydroptére!!! benoîtement persuadé qu'il y en avait déjà une palanqué, ce qui l'a bien fait rire :-)  )), plaisanciers persuadés d'être seuls au monde, pécheurs et autres joyeusetés du genre. J'ai même eu un petit bimoteur en rase motte à pas bien loin du haut du mat. Sensation étrange d'entendre le merveille hurler puis d'entendre et de voir un avion passer juste au dessus de soi...

Donc, une fois la nuit tombée, en approche de la Gironde, j'ai vu en bateau avancer de manière étrange. D'abord en bonne trajectoire, à bâbord, puis en trajectoire de collision à tribord, puis à nouveau à bâbord pour finir à peu près derrière moi. Je craignais un pécheur et ses kilomètres de filets disposés comme des pièges tout autour d'une route que je n'arrivais pas à visualiser précisément. Le bateau poursuivant sa route dans la mienne j'ai fini par lui coller un coup de spot dans le museau histoire de m'assurer qu'il m'avait bien vu. L'effrontée répondant d'un coup de spot bien plus puissant, j'ai été rassuré quand à savoir s'il m'avait identifié. Poursuivant sa route, il me suivait donc avec insistance. Ne comprenant pas son objectif et étant toujours persuadé d'avoir affaire à un pécheur j'ai fini par allumer ma radio pour me présenter et lui demander en gros ce qu'il foutait là. Quel ne fut pas ma surprise d'entendre une voix m'annoncer une vedette des douanes et me demandant de passer sur le canal 9. S'ensuivit une série de questions sur ma provenance et ma destination. Questions auxquelles je répondis avec sincérité et même une pointe de plaisir de parler un peu français après ces 38 jours. On fini par se donner rendez vous à Port-Medoc au matin. Comme ils continuaient à me suivre je me suis dit qu'on allait rentrer ensemble. Un peu plus tard, ils m'ont rappelé pour me dire que finalement ils envoyaient un dinghy pour un contrôle à bord. Au bout d'un quart d'heure ledit canot a commencé péniblement à me remonter dans une vilaine houle croisée d'un peu moins de deux mètres tout de même. Je me demandais comment ils allaient bien pouvoir monter à bord dans un tel souk et en même temps, j'étais curieux de les voir. Une fois à hauteur ils m'ont dit qu'ils ne monteraient pas, la mer rendant l'action trop dangereuse. Ils m'ont demander combien on étaient à bord et ma réponse "seul" à sembler les rassurer. On se retrouverait au matin à Port-Medoc. Ils ont fini par partir et j'ai continué ma route sous une belle lune lumineuse comme le jour. En arrivant dans l'estuaire et pas mal de temps avant d'ailleurs j'ai eu le sentiment de me retrouver à noël, devant un sapin plat brillant de milles feu et de presque autant de couleurs. J'ai péniblement identifié les feux qui m'intéressaient pour l'arrivée au port et me suis tenu bien sagement entre les bouées rouges et vertes balisant la passe. J'avais un peu peur au large de rentrer sur la mer vive sur laquelle je naviguais mais mer et gironde avaient décidés de m'accueillir agréablement et l'étale aidant j'ai suivi la passe dans une mer absolument plate pour arriver bien au milieu de la passe complètement empétolé. Plus un brin de vent à 4 heure du matin, pas le moindre courant non plus, j'étais scotché à à peine cinq milles de la terre. J'ai donc fini par me résoudre à allumer Bourriquet, l'acariâtre et belliqueux mulet de hors bord. Quelle ne fut pas ma surprise de l'entendre démarrer au second coup et de le sentir prendre un ralenti bien stable. Je suis ensuite aller descendre les voiles qui ne me servaient plus à rien et qui claquaient péniblement à chaque roulis et me suis mis en route vers la terre. Je suis passé et repassé devant le port sans l'identifier avec Zoé qui essayait de me guider du mieux qu'elle pouvait allant jusqu'à "prendre" des photos aux flash pour me signaler sa présence. Je fini par trouver l'entrée au lever du jour après un peu plus de 48 heures sans dormir. Je posais les pares battages et les haussières rapidement et me dirigeais vers le ponton d'accueil. Je pris ma place comme un fleur, propre et net comme si j'avais fait ça tous les jours de ma vie. Je pouvais enfin serrer Zoé dans mes bras, deux mois et demi c'est long... Je manquais de peu de me mettre à l'eau en descendant du Creac'h, mes repaires de déplacement étant totalement liés au bateau. Le ponton me semblait étrange, large et en même temps, étant flottant, il me laissait un peu de cette sensation de mouvement qui m'a accompagné si longtemps. J'étais enfin à terre. J'avais faim, j'étais fatigué mais je n'aurais pas pu dormir si je m'étais couché tout de suite. J'étais heureux.

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Commentaires
N
C'est bien de te lire, Eric :)
Créac'h toujours
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